Concert dans le cadre du Festival Musiques Démesurées

Olivier Leith Honey Siren

György Ligeti Ramifications

Bastien David L’ombre d’un doute

C’est à une véritable odyssée sonore que nous convient Jean Deroyer et l’Orchestre national d’Auvergne. Poussant l’orchestre à cordes au bout de ses possibilités expressives, un « tube » de Györgi Ligeti et deux œuvres récentes de Bastien David et Olivier Leigh ensorcellent l’oreille.

Un «classique» du 20e siècle enchâssé entre les œuvres récentes de deux jeunes compositeurs : c’est le menu que nous proposent l’Orchestre national df’Auvergne et Jean Deroyer. Composé durant l’hiver 1968-1969, Ramifications marqua une évolution importante dans le langage du Hongrois György Ligeti : sa musique s’oriente alors vers plus de mobilité et de transparence avec cette partition composée pour un orchestre à cordes ou pour 12 cordes solistes, les instrumentistes étant divisés en deux groupes accordés à des diapasons différents, décalés d’un peu plus d’un quart de ton. 

En à peine 10 minutes, elle déploie en une nuée d’infimes et vibrantes dissonances un véritable cinéma pour l’oreille, qui croit percevoir des insectes, des voix, des moteurs… Le cinéma est au cœur de L’Ombre d’un doute, concerto pour deux violoncelles de Bastien David, créé en 2022, qui s’inspire du film du même nom d’Alfred Hitchcock pour organiser une haletante course-poursuite entre les deux solistes, que les cordes accompagnent en mille et une nuances de noir & blanc. 

Quant à Oliver Leith, il a composé son merveilleux Honey Sirens (2019) en pensant aux « magnifiques et énormes glissandi allongés entre l’aigu et le grave, comme une machine qui pleure » émis par les sirènes. Mais loin d’être de mauvais augure, ses sirènes à lui sont « enduites de miel, elles gouttent comme autant de globules de douceur, dorées, tantôt fluides, tantôt solides, comme une alarme souriante ». 

Ensemble, ces trois pièces composent une homérique odyssée sonore et orchestrale.